Le terme start-up est souvent utilisé à tort et à travers pour désigner toutes les entreprises liées de près ou de loin aux technologies de l’information, de la communication et du digital. Il y a pourtant des différences entre startup et entreprise qui les distinguent, mais qui sont mal appréhendées.
Et c’est normal. Le numérique et la technologie sont des secteurs en forte croissance dans lesquels les entreprises qui s’y lancent ont un potentiel de croissance élevé.
D’où le terme start-up. Dans « start-up » il y a l’idée de démarrage « start » et l’idée de croissance forte « up ». Il est donc facile de raccourcir le terme start-up à cette allégorie.
Pour Eric Ries, auteur du best-seller « The Lean Startup », une start-up c’est « une institution humaine conçue pour créer un nouveau produit ou service dans des conditions d’incertitude extrême ».
L’une des définitions les plus connus est celle de Steeve Blank « Une start-up est une organisation temporaire à la recherche d’un business model industrialisable, rentable et permettant la croissance.
Mais la pire des définitions est sans doute celle de Paul Graham qui nous dit qu’une start-up est une entreprise faite pour avoir une croissance de 5 à 7% par semaine.
Pour nous qui accompagnons depuis plusieurs années des startups chez Defineed, une start-up ne se résume pas qu’à cela. La définition d’une start-up ne peut être réduite à un état de maturité ou à un secteur d’activité.
Il est fondamental pour une entreprise de prendre conscience de ce qu’elle est réellement pour adapter sa stratégie de développement.
En fonction de ce que vous êtes, votre stratégie marketing de conquête ne sera pas du tout la même, les risques évalueront des investisseurs dans votre société seront complètement différents, votre potentiel de scalabilité ne sera pas comparable si vous êtes une startup ou une simple entreprise qui évolue dans le digital… les objectifs, vos espoirs en sont liés.
Bref, nous lisons un peu de tout et de n’importe quoi en termes de conseils pour faire croître sa start-up, sauf que beaucoup oublie de définir ce à quoi il se reporte. Des conseils ne s’appliquent que sur des contextes similaires. Définition de votre contexte.
C’est quoi réellement une start-up ?
Steeve Blank nous rappelle dans son « manuel du créateur de Start-up » que les jeunes entreprises se divisent en deux catégories : celles pour lesquelles les risques sont liés à la clientèle et au marché, et celles pour lesquelles les risques sont liés à l’innovation.
Le rappel de Steeve Blank sur ces différentes Start-ups est juste mais malheureusement confondue par beaucoup incubateurs, investisseurs ou Banquiers. D’ailleurs S. Blank spécifie que son manuel ne s’adresse qu’à la première catégorie des Start-ups !
Nous ne traitons pas, n’accompagnons pas, ne levons pas des fonds pour les mêmes raisons dans ces deux types Startups.
C’est pour cela qu’il semble important de différencier les deux et de les traiter séparement.
À nos yeux : une start-up est une entité économique que tente de résoudre un problème et à un fort potentiel de devenir rapidement un acteur dominant sur son marché.
Une start-up est une entreprise dont le lancement vient d’être réalisé par ses créateurs et ses financeurs et dont le potentiel est de très vite être un acteur dominant sur son marché. Sans passé, elle n’est pas confinée à une question de taille ou d’activité spécifique, mais elle doit par contre répondre à pas moins de 4 critères clés :
1. Faire preuve d’un fort potentiel de croissance car une start-up qui ne cible pas un marché important ne peut pas être considérée comme une start-up.
2. Se situer sur un marché dont les risques sont complexes à définir.
3. Pousser une forme innovante.
4. Bénéficier d’un financement massif.
La domination d’un marché spécifique et une croissance rapide sont donc les deux objectifs clés visés par une start-up.
Dans les différences entre startup et entreprise, son but principal est d’anticiper les besoins et les objections des consommateurs et d’y répondre avec une offre différente. Une entreprise lambda aura tendance à privilégier la création d’une offre distinctive. Nous pouvons donc affirmer que l’une des différences entre une entreprise et une startup ce situe au niveau de son plan marketing. Pour une entreprise, son plan marketing est basé sur la distinctivité alors que la startup essaye d’être différente et distinctive.
Son offre n’est pas forcément une innovation technologique, mais peut être une nouvelle approche de produit. Il existe plusieurs degrés d’innovation qui se constatent dans de multiples formes.
Prenons un exemple : Uber.
Uber s’attaque à un besoin connu : le transport urbain. Le marché est très concurrentiel : taxi, transport en commun, voiture individuelle, vélib,… Uber a compris le “pain” (“la difficulté”) que nous avions à prendre un taxi. L’innovation d’Uber n’est pas dans le fait d’avoir créé une application mobile (donc pas dans une innovation technologique) mais dans leur clairvoyance à comprendre que nous étions tous frustrés par notre expérience de déplacement en ville (difficulté à trouver un taxi, prix, etc.) et qu’il y avait moyen de créer une nouvelle offre alternative de service de qualité. Leur innovation est dans l’offre de service, dans le mercatique.
La valeur d’une start-up n’est ni sa technologie, mais dans la faculté qu’ont ses fondateurs, ses collaborateurs à anticiper les besoins et les demandes des consommateurs. Une start-up a deux objectifs : comprendre le plus objectivement les objections de son marché et y répondre au mieux.
Chez Digital Corsaire, nous sommes souvent frappés de voir des startups obsédées par la recherche de trafic (de quantité de leur offre) alors qu’elles devraient être d’abord focalisées sur la recherche d’activation directement liée à l’expérience utilisateur (la qualité de leur offre).
C’est quoi entreprise innovante
À l’opposé, une entreprise innovante est une entité économique qui crée une innovation technologique telle que, cela crée un nouveau besoin. Parmi les différences entre startup et entreprise, elle évolue donc dans un marché peu concurrentiel (voir pas du tout). Sa stratégie est d’évangéliser son marché pour faire adopter son produit.
Prenons un exemple : Apple.
Quand Apple a lancé son Apple 1, son marché n’avait pas conscience de l’usage d’un ordinateur familial. Apple a dû mettre au point un système d’exploitation, des logiciels adaptés pour faire prendre conscience au monde de l’utilité d’un ordinateur chez soi. La stratégie de conquête d’Apple a été d’évangéliser le besoin, et non son offre.
Plus récemment, les acteurs du big data ont été et sont encore confrontés à ce problème. Combien de directeurs marketing ont conscience du potentiel du big data ?! Depuis plus de 4 ans les acteurs tentent d’évangéliser ce marché. Pour Paul-François Fournier, Directeur Innovation chez Bpifrance, il faut encore « dédramatiser le terme du Big Data qui peut faire peur et faire prendre conscience à cet écosystème de sa propre richesse puisque ce sont aujourd’hui aussi bien des petites entreprises, des startups ou des grands comptes qui travaillent sur le sujet. »