Faut-il faire de votre business une muse plutôt qu’une startup ?

Et si le rêve de startupers n’était pas si idyllique que cela. Et si le modèle de “start-up” n’était pas adapté à tout le monde, à toutes les ambitions, à tous les  projets ? Et si vous rêviez d’une muse business ?

Pour ma part, je compare le mode de fonctionnement d’une start-up à celui du jeu de la tyrolienne dans le Juste Prix. Souvenez-vous : le candidat du jeu devait donner le prix d’un objet présenté.

En fonction de la marge d’erreur entre le prix donné par celui-ci et le “juste prix”, le Tyrolien grimpait d’un palier avant de chuter dans le vide. La start-up fonctionne exactement de la même manière.

Les levées de fonds, amènent d’autres levées de fonds, amènent de plus en plus d’objectifs, elle contraint son créateur à viser tellement haut qu’une levée de fonds de trop le fait chuter.

J’ai été de ses jeunes créateurs ambitieux de faire bouger les choses à travers une idée et une volonté d’en faire une start-up. 15 ans plus tard, je peux dire que je ne suis pas fait pour créer des startups, 15 ans après je peux dire que mes projets étaient plus adaptés à devenir des muses. Aujourd’hui, je suis dirigeant d’une entreprise et j’ai en plus une muse qui me paye mon emprunt de maison et j’en suis très satisfait.

Alors quelles différences entre une muse business et une start-up ? Commençons par vous dévoiler la vision de ce qu’est une start-up.

Qu’est-ce qu’une start-up ?

Ainsi, si un commerce classique prend peu de risques vis-à-vis de son marché et bénéficie d’une faible opportunité de croissance, une start-up, quant à elle, prend de nombreux risques pour entrer sur son marché. Par contre, elle bénéficie en contrepartie d’un énorme potentiel de croissance. (voir notre article sur la différence entre une startup et une entreprise classique)

En ce qui concerne son financement, une start-up fait appel aux fonds d’investissement nommés également “capitaux — risques”. Selon les calculs de ces derniers, seule une start-up sur dix réussit à perdurer. En conséquence, sa rentabilité doit être assez élevée pour couvrir le risque de financement des neuf autres. 

Qu’est-ce qu’une muse business?

Avant d’être employé dans l’univers du e-business, le nom “muse” était celui qu’on donnait aux divinités du chant, de la musique, de la danse et de la poésie présentes dans la mythologie grecque. Selon les légendes, celles-ci chantaient et dansaient pour Zeus afin de célébrer l’existence des dieux. Par extension, le mot muse finit par désigner une femme qui constitue à elle seule une source d’inspiration pour un artiste (peintre, poète, musicien…).

Plus récemment, le terme a été assimilé au monde du business par l’écrivain et entrepreneur américain Tim Ferriss dans son célèbre ouvrage intitulé “La semaine de 4 heures”.

Dans son livre, Ferriss développe plusieurs points essentiels, dont celui de l’indépendance économique et temporelle.

Selon l’auteur, mieux vaut gagner des revenus un peu plus faibles en faisant moins d’heures, que de gagner beaucoup d’argent en devenant un esclave de son travail.

Il définit ainsi la muse comme un microbusiness, dans la plupart des cas liés à internet et visant à générer une profitabilité optimale par heure effectuée, pour une quantité d’heures de travail aussi faible que possible.

Autre facteur clé qui permet de déterminer une muse en e-business : elle doit être apte à affranchir son initiateur de toutes astreintes inhérentes à la géographie. Une muse doit donc être gérable à partir de n’importe quel endroit au monde permettant de se connecter au web. Par ailleurs, une muse ne sert jamais à vendre un service, mais elle est employée pour automatiser la vente d’un service ou d’un objet particulier.

Un tel concept nécessite pour sa mise en application un grand nombre d’heures de travail. Toutefois, si elle est correctement appliquée, la muse agit en toute discrétion et sans ingérence excessive dans l’existence quotidienne de son créateur. Ce, afin de lui permettre d’accéder ultérieurement à des résultats plus conséquents.

Exemples de succes story de muse business :

Barb Przybylowicz, de SafetyBunns LLC, infirmière depuis 35 ans, a constaté que certains patients, notamment ceux avec lesquels elle travaillait dans des foyers de vie, avaient souvent besoin d’une manière plus sûre de s’asseoir sur une chaise. «Un jour j’ai eu le déclic quand une résidente est tombée de son fauteuil en glissant», explique Przybylowicz. C’est alors qu’elle a eu son idée: un pantalon conçu avec une zone antidérapante sur les fesses pour empêcher les personnes de glisser quel que soit leur emplacement. Przybylowicz venait de créer une muse a succès.

«Les boîtes de denrées alimentaires Home Stretch ont été inspirées par un voyage au Yankee Stadium. «C’était vraiment frustrant de porter deux sodas gigantesques et deux hot-dogs dans les gradins, de devoir se faufiler à travers la foule dans l’aire de restauration. Les seuls autres supports alimentaires étaient des petites boîtes en carton (qui sont difficiles à équilibrer et ne peuvent pas supporter des boissons géantes) ou des sacs en papier (dangereux quand elles sont mouillées). » Weber a rencontré un ami qui était un ingénieur en colis. « Nous avons mis au point un” panier “en plastique, confortable, solide et facile à transporter, qui contient des boissons de toute taille et qui offre suffisamment de place pour des assiettes de nourriture et des sacs de frites,” explique Weber.

«Le jour de la fête des pères, je donne toujours à mon mari des cadeaux faits maison : les pieds des enfants gravés sur un t-shirt, un jeu utilisant leurs photos, des pièces en céramique avec les œuvres de mes enfants, une boîte à souvenirs laminée sur laquelle sont collées leurs photos » Tina Nelson, PDG de Professional Games, Inc., déclare : «Quand mes enfants avaient deux, quatre et cinq ans, je pensais que le cadeau parfait serait un jeu pour leur apprendre ce que papa avait fait chaque jour après son départ pour le travail. Elle a donc créé son propre jeu, Lawsuit! Enorme succès.

Comparaison Muse business et startup ?

Outre leurs différences de fonctionnement, la création d’une muse présente de nombreux avantages par rapport à celle d’une start-up :

– Tout d’abord, si une muse business ne fonctionne pas, les conséquences sur le plan financier s’avèrent toujours limitées, car les frais fixes demeurent faibles pour son créateur. L’échec d’une muse n’entraîne donc pas forcément un abandon définitif du concept par son initiateur qui pourra retenter l’expérience quelques mois plus tard. Dans le cas d’une start-up, si jamais celle-ci vient à échouer, les répercussions économiques (clientèle à payer, crédits à rembourser auprès des créanciers, frais de natures diverses…) peuvent s’avérer désastreuses pour son créateur. Elles peuvent même le suivre durant des années après la clôture de son entreprise ! Pour rappel : le taux d’échec des start-up s’élève, selon les estimations courantes, à 90 % !

– Ensuite, si une start-up nécessite plusieurs mois d’activité avant de permettre à son créateur de commencer à toucher des revenus, il n’en va pas de même pour une muse. Cette dernière est en effet directement liée à la vente de produits existants, elle peut donc rapporter plus rapidement de l’argent à son créateur qu’une start-up qui doit se développer à partir de rien.

– Dans le cas d’une muse, le retour sur investissement est plus conséquent. Comparés à ceux d’une startup, les revenus par heure sont plus importants.

– L’investissement en matière d’heures de travail est nettement plus faible que celui d’une startup dont la gestion s’avère, dans la plupart des cas, très chronophage.

– En étant le créateur d’une muse, vous bénéficiez de plus d’indépendance et de liberté. Vous vous affranchissez de la réalisation de levées de fonds qui vous contraignent à atteindre des objectifs toujours plus élevés et qui constituent une source de stress quotidien.

Que choisir entre muse ou start-up ?

Tout dépend de la nature de votre business… Si certaines activités se prêtent parfaitement à demeurer des muses, d’autres présentent à l’inverse un potentiel assez élevé pour devenir par la suite une startup. Dans tous les cas, vouloir à tout prix transformer une muse en startup ne constitue pas un choix forcément judicieux.

Le point de vue de Frédéric Canevet – Product Manager & Blogueur – ConseilsMarketing.com

Cela fait 20 ans que je travaille dans le marketing, et j’ai créé plusieurs entreprises, soit comme des business indépendants qui peuvent devenir des vrais business complets (ex : un magazine papier qui finalement s’est arrêté au bout d’un an, ma boite de consulting qui existe depuis des années…), ou une “muse” uniquement conçue comme une passion sans avoir comme but d’être un business à temps plein (ex : mon activité liée à mon blog ConseilsMarketing.com).

J’ai aussi travaillé pendant plusieurs années dans une startup (eh oui, j’ai connu le vrai “mode startup” dans les années 2000, avec les levées de fonds, les pizzas au bureau…), et mes parents ont toujours eu leur propre activité à côté (commerce, locations saisonnières…).

Pour moi, le choix entre muse business et emploi se fait parfois par coup du sort (ex : perdre son job…), mais le plus souvent, c’est lié à son environnement, ses convictions personnelles…

Si je prends mon cas personnel, le fait de garder mon blog comme une “muse” vient de plusieurs facteurs :

  • J’ai un métier qui me plait énormément, et un environnement de travail très correct. Je suis Product Manager depuis des années, et c’est un des métiers les plus créatifs et les plus valorisants en B2B. Tu es en quelque sorte le “papa” d’un produit, et c’est sur toi que repose l’avenir de ton offre, et souvent l’avenir de l’entreprise. Je ne vais donc pas au boulot à reculons comme certaines personnes. C’est sans doute la raison N°1 qui fait que je suis toujours salarié. Oui, j’aime mon job, et je ne vois pas les jours, semaines, mois, années… passer, ce qui me laisse peu de temps pour réfléchir véritablement à lancer un business.
  • Pendant des années, je n’ai pas fait le “switch” mental entre faire une activité par passion et en faire un business. Cela n’a l’air de rien, mais cela fait toute la différence. Lorsque l’on n’a pas comme objectif de vivre d’une activité, on prend des mauvais réflexes (ex : offrir beaucoup de gratuit, ne pas vendre assez cher, ne pas penser avant tout à faire du profit et pas “faire des heures”…). Ce n’est que lorsque j’ai été consultant à temps plein (2015) que j’ai changé de mentalité, et cela a été une vraie transition qui n’a pas été facile. J’étais habitué à faire un travail, alors qu’avec un business il faut faire rentrer du cash ! Je l’ai appris à mes dépens, car je continuais à écrire des articles de blogs, à être sur les média sociaux… alors que je devais plutôt trouver des missions, vendre des formations chères… Dans ce contexte, avoir une muse business est aussi bien plus valorisant personnellement de pouvoir donner, aider… alors qu’avec un business on doit créer un business qui rapporte. Par exemple sur mon blog je vends des formations 2 à 10 fois moins cher que le marché, car j’estime que cela doit rester accessible. Si je devais en faire un réel business, cela serait tout autre chose.
  • Monter un business, c’est prendre un risque. Lorsque l’on gagne un bon salaire tous les mois, que l’on a une famille, des RTT, des projets professionnels super intéressants… C’est toujours plus délicat de quitter l’inconnu. C’est bien plus confortable de cumuler les deux, le salariat pour le confort de tous les jours, la “muse” pour s’éclater et aider les autres. Actuellement, ayant une famille, c’est plus délicat de prendre une décision sans prendre en compte le contexte personnel. Autant lorsque l’on est jeune (25 à 35 ans) on a peu de choses à perdre, autant passer 45 ans, il faut faire les bons choix stratégiques. Par exemple cette année, en l’espace de 2 mois, je me suis fracturé l’épaule, j’ai eu une seconde fille et ma femme a eu un très gros problème de santé. Ce contexte fait que monter sa boite avec une situation de famille complexe n’est pas avantageux. Ainsi, si vous n’avez pas l’esprit aventureux (ex : vous préférez placer tout votre argent sur votre Livret A), il vous sera encore plus dur de lancer votre boite !
  • La culture personnelle et familiale est une des clés pour se lancer (ou pas !). Ma mère était commerçante et mon père salarié. J’ai toujours vu mon père être salarié et travailler au magasin en plus de son travail, donc je continue à maintenir la même pratique. Or, si dans ma famille l’entrepreneuriat est accepté, dans d’autres la culture de l’entrepreneuriat est inexistante, ce qui nuira à la tentation de monter sa boite. De mon côté, ayant travaillé depuis mon adolescence dans le commerce de ma mère (toutes les vacances d’été !), font que j’apprécie aussi d’avoir des vacances et des horaires plus cool (même si je bosse sans doute 14 h / jour avec ma double activité !). Ma culture familiale est plus d’avoir 1 boulot salarié + 1 activité supplémentaire. Mon expérience personnelle m’a montré la face positive et aussi négative de monter sa boite, et je reste persuadé qu’en France (malheureusement !)  il est préférable d’être salarié qu’entrepreneur… Les connaissances et les amis sont aussi un frein ou un accélérateur au business. Si tous vos amis sont salariés, vous aurez énormément de mal de sortir de ce schéma. Heureusement pour moi j’ai beaucoup d’amis entrepreneurs, et cela me fait énormément de bien. Après chaque déjeuner, cela me rebooste, cela me donne des idées… De même, depuis 1 an, je fais un “coaching mutuel” avec un autre entrepreneur. Le principe est de se faire 1 fois par mois, 1 heure d’échange avec chacun, 30 minutes pour poser des questions, avoir un avis externe… C’est un excellent moyen de maintenir ses objectifs et d’avancer. Je vous invite donc à aller à des événements d’entrepreneurs, de voir des web conférences… pour garder confiance.
  • Atteindre le seuil critique pour oser se lancer n’est pas aisé lorsque l’on n’a pas un esprit business. Bien qu’ayant une formation de gestionnaire, pendant des années, je n’ai pas mis en place un business de la bonne manière. Il faut faire un gros effort pour sortir de la mentalité “salarié” et son rapport à l’argent (qui n’est pas du tout valorisé en tant que catholique, gagner de l’argent étant “tabou”). Le résultat, c’est qu’il est souvent difficile pour un salarié de monter un business rentable sans changer radicalement sa façon de penser. Par exemple, dans les années 2010, j’avais pour ambition d’être à 100% sur mon blog. Je me suis mis en plan d’action sur 9 mois pour doubler mon chiffre d’affaires (objectif atteindre 3000 €, et ensuite de quitter mon boulot). Le problème, c’est que je m’y suis très mal pris, sans prendre du recul, en faisant exactement ce que je faisais en mode passion, je me dispersais entre 5 blogs différents… Résultat, au bout de mon bilan, j’étais péniblement à 2000 € de CA. J’ai abandonné faute de résultats, alors que j’aurais dû revoir ma manière de penser. À l’époque, si j’avais su, j’aurais pris le problème à l’envers… C’est-à-dire comment je dois faire pour atteindre 3000 € de chiffre d’affaires, et ensuite décliner un plan d’actions. Cela m’aurait permis de me dire que le consulting, la vente de produits chers… sont la solution au départ. Ce n’est que lorsque je me suis mis consultant à plein temps que j’ai revu les choses et monté un business qui était rentable (c’était d’ailleurs bizarre de faire pour la première fois des devis à 20 000 € !). Mais comme beaucoup de consultants, souvent l’entreprise pour laquelle vous travaillez finit par vous embaucher plutôt que de vous payer en consultant pour faire des économies et vous avoir un plein temps. Dès lors, avec un salaire confortable et de bonnes conditions de travail, c’est dur de refuser ! De même, avoir des collègues de bureau, des objectifs définis pour toute l’entreprise, l’administratif géré par d’autres personnes… est  un vrai repos. C’est pour cela que depuis ce temps j’ai pris un expert-comptable (Fred de la Compta), des logiciels de facturation automatique (Kooneo), une assistante virtuelle à Madagascar… Cela change la vie, même si j’ai encore énormément de mal à sous-traiter des tâches que j’aime que l’écriture d’articles.

Enfin, je dirais que tout le monde n’a pas une mentalité d’entrepreneur. C’est dur à dire, mais c’est vrai. Une autre raison pour laquelle je suis encore en mode “muse” + salariat, c’est que finalement j’aime cette double situation, avec la sécurité d’un confort de vie et la liberté d’entreprendre.

Cependant, gérer deux activité est prenant (psychologiquement, physiquement…) et cela nuit à son évolution professionnelle et à sa vie personnelle.

Il faut d’une part bien équilibrer les choses, par exemple depuis ma seconde fille, je ne travaille pas pour ma “muse” avant 21 h 30 le soir, je consacre le début de soirée à ma famille.

Ensuite, il est important de se rendre compte qu’à un moment, il faudra faire des choix, une muse qui n’a pas toute votre attention va forcément décliner dans un environnement économique qui devient de plus en plus concurrentiel.

Franck GAUTIER 2 septembre 2024
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